Les élections européennes de 2019 - Faits et chiffres
Le nombre d’eurodéputés attribués à chaque État est proportionnel à la population des pays membres. 751 eurodéputés siègent ainsi au Parlement strasbourgeois, répartis non pas par pays, mais en sept groupes politiques :
- le PPE (groupe du Parti populaire européen) qui rassemble les démocrates-chrétiens et libéraux conservateurs ;
- l’Alliance progressiste des socialiste et démocrates (S&D) qui réunit les socialistes, les sociaux-démocrates et europhiles ;
- Renew Europe (anciennement ALDE) où se retrouvent les libéraux ;
- les Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE) qui concentre les écologistes ;
- les conservateurs et réformistes européens (ECR) qui réunit les conservateurs eurosceptiques et souverainistes ;
- la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) qui rassemble la gauche radicale ;
- Identité et Démocratie (anciennement ENL), groupe politique orienté vers l’euroscepticisme et le nationalisme.
Comme en 2009 et 2014, ce sont les chrétiens-démocrates qui ont obtenu le plus de sièges (179) au élections de 2019, suivis des sociaux-démocrates (153), même si ces deux formations politiques ont enregistré une baisse importante des suffrages par rapport aux scrutins précédents. À l’inverse, les libéraux ainsi que les Verts ont profité d’un essor conséquent : les premiers ont gagné 38 sièges, les seconds 19.
En France, ces élections européennes sont souvent considérées comme des élections de second plan dont les carrières intéressent peu les politiques français (difficilement enclins à partir à Strasbourg et s’éloigner des arcanes du pouvoir parisiennes) et qui mobilisent peu les Français. Pourtant, 54 % des Français se déclaraient intéressés par ces élections. En réalité, c’est parmi les jeunes générations que le détachement se faisait plutôt sentir : plus de la moitié des 18-24 ans et 66 % des 25-34 ans n’y portaient pas d’intérêt.
Autre écueil : bon nombre d’électeurs utilisent les élections européennes non pas pour voter sur les enjeux européens, mais pour exprimer leur soutien ou, au contraire, leur opposition à la politique du gouvernement français.
D’autre part, le problème majeur de l’Union européenne est son manque de connexion avec ses citoyens. 22 % des Français la perçoivent comme une organisation politique complexe et la défiance vis-à-vis des eurodéputés est grande ; les Français sont nombreux à ne plus croire en l’importance de ce suffrage pour changer l’avenir, que ce soit celui de leur pays, ou même le leur.
Mais, contre toute attente, les élections européennes de 2019 ont marqué un temps fort dans la politique hexagonale et ce, sur plusieurs points.
Confirmant sa percée déjà entamée aux élections européennes de 2014, le parti du Rassemblement national (anciennement Front national) est arrivé en tête des suffrages avec 23,3 %. Ainsi, ce résultat permet au parti de Marine Le Pen d’affirmer ses positions eurosceptiques au sein de l’UE et de se présenter comme l’un des principaux groupes politiques de France.
La liste présentée par La République en Marche et le MoDem vient derrière avec 22,4 % des suffrages. Malgré un score peu éloigné du parti frontiste, le fait d’arriver en seconde position pour un parti au pouvoir s’apparente bien souvent à un camouflet et est souvent le signe de crises politiques.
Contre toute attente, la troisième position revient à Europe Écologie/Les Verts, auxquels les sondages sur les intentions de vote n’attribuaient que la cinquième place. Un vote essentiellement poussé par les jeunes soulignant l’importance grandissante accordée par la population française aux questions écologiques, et a donné des ailes au leader vert Yannick Jadot qui ne cache désormais plus ses ambitions régaliennes.
Enfin, les élections européennes ont confirmé l’importante perte de vitesse des partis traditionnels (Les Républicains et le Parti socialiste) et ont mis au jour les difficultés de La France insoumise, parti qui avait pourtant le vent en poupe aux élections présidentielles et législatives de 2017.
Ainsi, ce scrutin européen a permis à la France de mesurer la température de son propre climat politique et, peut-être, d’installer de nouvelles forces qui pourraient bien compter dans les débats à venir.