La plupart des gens associent les métiers du numérique aux développeurs informatiques et aux professionnels du marketing, mais les petites mains de ce secteur occupent bien souvent des emplois peu qualifiés (chauffeurs, livreurs de repas, etc.) et leurs conditions de travail sont fréquemment remises en question. Plusieurs entreprises numériques n'emploient pas directement leurs travailleurs, entraînant une résurgence de l'économie à la tâche dans le monde du travail. Dans celle-ci, les travailleurs sont indépendants alors qu'ils ne travaillent en réalité que pour une seule entreprise, cette dernière n'ayant pas toujours à leur fournir d'avantages sociaux. L'Espagne a été le premier pays à légiférer sur ce sujet, dans le cadre de son plan de lutte contre la précarité. Dès le 12 août 2021, une loi promulguée par le gouvernement espagnol obligera les sociétés livrant à domicile via des applications numériques d'embaucher tous leurs livreurs comme salariés.
Si l'on examine la situation mondiale des travailleurs indépendants, il apparait qu'il existe une corrélation inverse entre la proportion de travailleurs indépendants et le niveau de richesse dans un pays. Selon les données de l'Organisation internationale du travail repris par la Banque mondiale, dans les économies à haut revenu seulement 12,2 % des travailleurs sont indépendants, alors que dans les pays à faible revenu ce chiffre grimpe à 80,3 %. Dans ces dernières, l'emploi dans l'économie informelle est encore très répandu et le travail indépendant correspond principalement à des activités de subsistance, le plus souvent agricoles ou artisanales.
En 2019, c'est le Niger qui affichait le taux d'emploi indépendant le plus élevé au monde, soit plus de 95 %. À l'inverse, les pays de la péninsule arabique affichaient les taux les plus faibles (moins de 5 %). En Europe, c'est la Grèce qui présentait la part de travailleurs indépendants dans la population active la plus élevée, soit près de 32 %, alors que ce taux se situait à environ 12 % dans l’Hexagone.