La violence en Haïti a coûté la vie à au moins 1 554 personnes au cours des trois premiers mois de 2024, selon un rapport publié par le Bureau des droits de l'homme des Nations Unies fin mars. Le rapport appelle à « une action immédiate et audacieuse pour faire face à la situation "cataclysmique" » dans le pays et déclare que « la corruption, l'impunité et la mauvaise gouvernance, aggravées par les niveaux croissants de violence des gangs » sont responsables de l'effondrement des institutions de l'État en Haïti. Les violences ont en effet connu un forte augmentation au premier trimestre 2024.
D'après les estimations des Nations unies, environ 53 000 personnes ont fui la capitale Port-au-Prince entre le début du mois de mars et le début du mois d'avril afin d'échapper aux violences perpétrées par les gangs. Environ 116 000 personnes avaient déjà été déplacées vers les zones rurales du sud du pays, mettant à rude épreuve les ressources disponibles.
Le pays est est en proie à une période de crise politique et sociale particulièrement intense depuis l'assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021. Confronté à l'instabilité politique ainsi qu'à la remise en cause de sa légitimité à diriger le pays, son successeur, le Premier ministre et de facto chef de État Ariel Henry, a démissionné mi-mars. Les crises qui se chevauchent en Haïti s'inscrivent également dans un contexte complexe d'interventions internationales, y compris l'occupation américaine de 1915 à 1934, ainsi que les impacts des réparations à la France, et du tremblement de terre dévastateur de 2010 qui a tué plus de 300 000 personnes.
L'ancien Premier ministre Henry et le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Volker Türk ont tous deux appelé la communauté internationale à déployer une « force d'appui spécialisée » pour aider les autorités du pays. Cette proposition est cependant loin de faire l'unanimité, particulièrement en raison des expériences passées d'Haïti avec les interventions étrangères.