
Cartographie de la production mondiale de café
Le caféier est une plante originaire des hauts-plateaux éthiopiens, dont la consommation de ses grains remontrait au néolithique. Ce n’est qu’au XVème siècle que les Ottomans en firent une culture à grande échelle. La consommation des grains de café torréfiés se généralisa dans l’empire puis s’étendit en Europe rapidement. Les puissances européennes, en pleine période expansionniste en Amérique, en Afrique et en Asie, s’empressèrent de développer leurs propres cultures de café afin d’être indépendant de l’Empire Ottoman, alors en position de quasi-monopole sur cette ressource. De grandes cultures virent le jour en Colombie et au Brésil où des milliers d’esclaves ramassèrent et torréfièrent le café. Les Britanniques mirent en place des grandes plantations en Inde. Les Français, en plus de leurs colonies américaines développèrent la culture du café au Vietnam, qui plusieurs siècles plus tard devint le deuxième producteur mondial. La culture du café au Vietnam s’étale désormais sur plus de 700.000 hectares.Mais c’est pourtant bien l’Amérique latine qui a progressivement supplanté l’Afrique comme première région productrice de café. En 2020, le Brésil produisait 69 millions de sacs de café (60 kilos chacun), contre 7,3 millions de sacs pour l’Éthiopie. Au total, sur les 10 premiers pays producteurs, cinq étaient en Amérique latine, loin devant l’Afrique avec deux représentants, l’Éthiopie et l’Ouganda. Sur la saison 2020/2021, la production mondiale de café s’élevait à plus de 175 millions de sacs.
Le commerce mondial du café et la combat de l’Éthiopie contre Starbucks
En 2020, parmi les 10 premiers exportateurs de café en valeur dans le monde, on retrouvait la Suisse, l’Allemagne, l’Italie, la France et les Pays-Bas. Cinq pays où la culture du café est impossible (exceptée dans les régions d’outre-mer françaises et néerlandaises). Ces pays importent la matière première des pays producteurs, la transforment et la commercialisent sur place. Lavazza, géant du café en Italie avait généré plus de 1,5 milliard de dollars de chiffres d’affaires en 2020. Nestlé, multinationale de l’agroalimentaire suisse était un acteur essentiel du marché du café, sa marque Nespresso était valorisée à hauteur de 5,6 milliards d’euros début 2022.Ces multinationales captent l’essentiel de la production mondiale et des revenus. C’est pour cela qu’en 2006, le gouvernement éthiopien via l’Office éthiopien de la propriété intellectuelle (EIPO) engagea des mesures juridiques pour faire reconnaitre le café éthiopien comme marque à part entière afin de récupérer une partie plus importante des gains de l’industrie. Cette meilleure redistribution des richesses permettrait ensuite de mieux rémunérer les producteurs de café en Éthiopie. Après des actions de lobby de la part de certaines sociétés dont Starbucks contre cet amendement, un terrain d’entente fut trouvé entre l’Éthiopie, l’office des brevets et des marques aux États-Unis et l’Association Américaine du Café. Cet accord prévoit que la création des marques « Café fin d’Éthiopie Harrar », « Café fin d’Éthiopie Yirgacheffe » et « Café fin d’Éthiopie Sidamo » dont les labels sont apposés sur les paquets de café et une meilleure redistribution des revenus du café entre les marques et les producteurs. D’autres projets « Fairtrade » verront le jour en Amérique du Nord et en Europe afin d’améliorer les conditions de vie des producteurs de café. Ces associations commerciales permettent aux agriculteurs d’être moins dépendants des prix mondiaux du café qui varient fortement d’une année à l’autre. Certains labels comme UTZ ou Max Havelaar furent développer aux débuts des années 2000 pour pallier à ces inégalités structurelles. La production de café certifié UTZ, prouvant la durabilité de la production est passée de 476.000 tonnes en 2011 à 1,2 million de tonnes en 2020.
Ce mouvement de traçabilité de la production et de redistribution des richesses entre les distributeurs et les producteurs s’étend à d’autres secteurs, mais il reste encore très restreint sur l’alimentation. Parmi les produits « Fairtrade » les plus vendus dans le monde, seul le coton n’appartient pas au secteur de l’agroalimentaire.