La hausse des prix de l’alimentaire et de l’énergie provoque une baisse du pouvoir d’achat
L'inflation désigne la perte en valeur d'une monnaie, ce qui se traduit par une hausse des prix pour les ménages. Une inflation régulière et modérée, idéalement située autour de 2%, est considérée comme bonne pour l’économie, car elle permet aux entreprises de prévoir l'augmentation des prix, et incite les ménages à la consommation plutôt qu’à l’épargne, ce qui provoque de la croissance économique. En revanche, une inflation trop forte et trop rapide déstabilise l’économie car elle créé de l’inquiétude et une perte trop élevée en pouvoir d’achat des ménages à partir du moment où les salaires n’augmentent pas à la même vitesse. C’est ce qui s’est produit au cours des années 2022 et 2023 dans plusieurs pays européens, dont la France. En décembre 2023 en France, le prix du gaz avait doublé par rapport à 2018, et les prix des produits de consommation en général avaient fortement augmenté. Dans le secteur alimentaire en particulier, les hausses de prix ont été très importantes. En un an, le prix du beurre, du fromage, du yaourt et des pâtes a augmenté de plus de 20%, tandis que le prix de la baguette de pain a augmenté de près de 10%.Cette séquence inflationnaire a débuté avec la pandémie de Covid, durant laquelle les nombreuses aides versées, en particulier aux entreprises, et la baisse des dépenses des Français, en raison de la fermeture de nombreuses boutiques et lieux de sortie comme les restaurants ou les cinémas, ont provoqué une augmentation de la masse monétaire en circulation. Or, lorsqu’il y a plus de monnaie sur le marché, celle-ci perd automatiquement en valeur, selon les règles de l’offre et de la demande.
L’inflation a été renforcée encore par la guerre en Ukraine, en particulier en raison de la crise de l’énergie que celle-ci a entrainé. La Russie étant le deuxième producteur de gaz et de pétrole dans le monde, les limitations de ses exportations ont provoqué des pénuries dans de nombreux pays européens, faisant monter les prix en flèche.
Ainsi, les ménages français ont dû faire face à une forte augmentation des prix des produits alimentaires et de l’énergie, alors même qu’ils étaient déjà impactés par la hausse des prix de l’immobilier, qui pèse sur le portefeuille des Français depuis des années.
Un pouvoir d’achat affaibli par des salaires trop faibles
Durant les 20 dernières années, le salaire moyen des Français a augmenté, passant d’environ 25.000 euros par an en 2000 à plus de 41.000 euros par an en 2022. En revanche, bien que les salaires nominaux aient augmenté sur le long terme, l'inflation élevée depuis 2021 a entraîné une baisse des salaires en termes réels. Entre le premier trimestre 2022 et le premier trimestre 2023, les salaires réels des Français ont ainsi diminué de 1,8%.De plus, le nombre de smicards a fortement augmenté ces dernières années. En 2023, 17,3% des salariés touchaient le Smic, contre encore 12% en 2021. En effet, il y a d’importants écarts entre les hauts et les bas salaires en France, qui ne sont pas visibles si l’on prend en compte uniquement le salaire moyen. Ainsi, en 2021, dans le secteur privé, les 10% des salariés les moins bien rémunérés gagnaient moins de 1370 euros net par mois, tandis que les 10% les mieux rémunérés gagnaient plus de 4010 euros net par mois. Alors que les chefs de grandes entreprises et certains cadres perçoivent plus de 10.000 euros net par mois, les ouvriers non qualifiés, les surveillants des établissements d’enseignement et les esthéticiens figurent parmi les métiers aux plus bas salaires, avec des revenus mensuels inférieurs à 1400 euros.
Il existe également des différences de salaire entre les hommes et les femmes, dont l’écart ne diminue pas depuis 2010. Les femmes gagnent moins que les hommes dans toutes les catégories socioprofessionnelles, et l'écart est particulièrement important chez les Cadres, avec plus de 700 euros par mois de différence entre les salaires des hommes et des femmes.
Au total, 82% des Français déclaraient en 2023 que le contexte économique impactait leur pouvoir d’achat, avec de nombreux Français qui ont réduit, reporté ou même renoncé à un certain nombre de dépenses, notamment en matière de restaurants, habillement, sorties culturelles et vacances. Les jeunes de moins de 30 ans sont particulièrement touchés, avec plus de 20% d’entre eux qui vivent sous le seuil de pauvreté, forçant notamment de nombreux étudiants à recourir à des aides alimentaires pour pouvoir se nourrir. Plusieurs banques alimentaires, comme les Restos du Cœur, ont d’ailleurs réalisé des appels aux dons et aux subventions face à l’afflux massif de nouvelles personnes dans le besoin.