La présence syndicale en France
Les syndicats jouent un rôle important dans la vie politique et sociale française, même si leur nombre d’adhérents est plus faible que dans de nombreux pays. Cependant, un grand nombre d’entreprises restent couvertes par des représentants du personnel. C’est notamment dû aux lois sur la représentation salariale. Le Code du travail prévoit ainsi l’existence de comités sociaux et économiques, aux attributions différentes selon le nombre de salariés. On trouve alors une représentation dans un peu moins de la moitié des petites et moyennes entreprises (PME), entreprises de taille intermédiaires (ETI) et grandes entreprises. La fonction publique est un secteur au contraire bien plus syndiqué que ce soit dans les corps d’État, territoriaux ou les hôpitaux. Cette différence entre les secteurs s’explique par de multiples facteurs, dont la taille des structures, puisque le nombre de syndiqués va croissant, dans le privé, avec la taille de l’entreprise, mais également par une nature de syndicalisme différente. Une spécificité française est également l’existence de syndicats étudiants représentés dans des instances électives des universités et cherchant à défendre les intérêts des étudiants.Le rapport complexe des Français aux syndicats
Cependant, on peut parler d’une confiance perdue dans ces éléments démocratiques manifestée par le taux de syndicalisation en baisse. Malgré un léger regain de confiance entre 2020 et 2023, elle demeure assez faible et varie grandement selon les conditions des personnes. En 2022, la moitié des Français n’avait pas confiance dans les syndicats pour défendre les intérêts des salariés. On note également que cette confiance croissante se fait au profit des syndicats les plus combattifs, puisque la CGT est le syndicat à qui les Français donnent le plus de crédit pour améliorer leur condition.Les syndicats reflètent les clivages de la société française
L’adhésion à un syndicat répond ainsi à des demandes et des situations différentes. De fait, on observe un clivage de classe entre les catégories socioprofessionnelles les plus aisées et les ouvriers ou employés. Les premières privilégient les syndicats de coopération comme la CFDT, tandis que les seconds font plus confiance aux syndicats de « lutte de classe ». On note également qu’il existe une différence sexuée dans la considération des syndicats. Les femmes adhèrent moins que les hommes aux syndicats, et font globalement moins confiance à ceux-ci. Enfin, signe d’une perte d’influence des organisations syndicales, la confiance dans les syndicats est également générationnelle : on observe une défiance plus forte chez les moins de cinquante ans. Cependant, le faible nombre d’adhérents tient au modèle français, qui ne tend pas à favoriser les syndicats de masse. La progressive intégration des syndicats dans les politiques gouvernementales a également participé à orienter l’organisation vers l’encadrement plus que vers la solidarité collective.Une action syndicale visible et forte
Cependant, encadrement ne signifie pas passivité. Lors des mouvements sociaux, les syndicats se mobilisent comme pour le premier mai, rendez-vous traditionnel. Ainsi, notamment lorsque les différents gouvernements ont voulu modifier l’âge de départ à la retraite, ils étaient présents et ont réussi à attirer de nombreux manifestants. Mais l’action syndicale ne se limite pas aux manifestations. Le soutien actif aux salariés pour leurs droits est ainsi le principal champ d’action. Lorsque la loi est enfreinte par les employeurs, les syndicats peuvent depuis 1958 apporter une aide par le défenseur syndical, notamment devant les conseils de prud’hommes, des procès souvent longs et constituant la majorité des appels sur jugements en France.Les syndicats observent donc un certain déclin structurel et souffrent d’une mauvaise image, mais restent tout de même centraux dans la vie politique française à l’occasion de manifestations, ainsi que pour la défense des droits économiques et sociaux des salariés. Le mouvement de mobilisation contre la réforme des retraites n’était pas terminé en mai 2023, et les syndicats enregistrent de nombreuses adhésions. Les syndicats sont donc importants dans les mouvements de travailleurs et à ce titre sont acteurs de la démocratie.