
Le secteur de la chirurgie esthétique, très encadré en France
Au total, d’après l’ISAPS (International Society of Aesthetic Plastic Surgery), l’organisme professionnel mondial des chirurgiens esthétiques, on dénombrait 1.000 chirurgiens plasticiens en France en 2021. Cela correspond à 1,61 chirurgien plasticien pour 100.000 personnes en 2019, un quota proche de celui de l’Allemagne et des États-Unis, mais trois fois inférieur à la Corée du Sud.En France, deux sociétés savantes encadrent la chirurgie esthétique : la Société Française de Chirurgie Plastique Reconstructive (SoFCPRE) et la Société Française des Chirurgiens Esthétiques Plasticiens (SOFCEP). Les chirurgiens membres de la SOFCEP sont tenus à un devoir déontologique rigoureux et s'engagent à suivre une formation continue.
En raison de l’encadrement strict et du prix parfois élevé des opérations, certains décident de se faire opérer à l’étranger, dans des pays où les règlementations sont moins sévères et les prix moins élevés, mais les prestations pas forcément de qualité.
Les opérations les plus réalisées
Les opérations de chirurgie esthétique les plus pratiquées dans le monde sont l’augmentation mammaire, la liposuccion, la blépharoplastie, la rhinoplastie (chirurgie du nez) et l’abdominoplastie (retendre la peau du ventre). La liposuccion, une opération de remodelage de la silhouette par aspiration des amas graisseux, serait, selon le Professeur Maurice Mimoun, chef du Service de Chirurgie Plastique de l’Hôpital Saint-Louis, l’opération la plus dangereuse, avec pour risque pour les patients de terminer en réanimation. Même si une baisse a pu être observée pour certaines opérations en 2020 en raison de la pandémie, la tendance est à la hausse. Certaines opérations, comme la rhinoplastie, ont même continué d’augmenter pendant le Covid. Le nombre de liposuccions est passé de 1,4 million en 2016 à 1,9 million en 2021.En France, pour 100.000 habitants, on comptait 479 interventions chirurgicales en 2019. Un taux plus élevé qu’en Espagne ou en Allemagne, mais largement inférieur à la Corée du Sud ou aux États-Unis, où on dénombrait respectivement 2.236 et 3.462 opérations de chirurgie esthétique.
En France, les cinq opérations les plus pratiquées sont l’augmentation mammaire, la liposuccion, la blépharoplastie, l’abdominoplastie et la réduction mammaire. Pour 100.000 habitants, on comptait en 2019 un total de 80 augmentations mammaires et 56 blépharoplasties. Deuxième intervention chirurgicale du visage la plus effectuée, la rhinoplastie était l'intervention la plus recherchée en ligne en 2021.
Les femmes constituent la majorité des patients
La chirurgie esthétique est pratiquée majoritairement par des femmes, mais les hommes sont de plus en plus nombreux à également souhaiter modifier leur apparence. En plus de la gynécomastie, qui vise à corriger le développement excessif des glandes mammaires chez l’homme en procédant à une ablation de la glande mammaire, les hommes sont nombreux à réaliser des liposuccions, des blépharoplasties et des rhinoplasties.Chez les femmes, les opérations des seins dominent tous les classements, qu’il s’agisse de l’augmentation, de la réduction mammaire, du retrait d’implants mammaires ou encore du lifting des seins. En 2019, on dénombrait en France près de 54.000 opérations d’augmentation mammaire. Parmi les autres opérations populaires auprès des femmes, on trouve l’augmentation des fesses, ainsi que la labiaplastie, aussi appelée nymphoplastie ou labioplastie, qui vise à réduire la taille des petites lèvres de la vulve.
L’engouement des jeunes pour la chirurgie esthétique
Les trois quarts des rhinoplasties sont réalisées par des jeunes de moins de 35 ans. Pour les augmentations mammaires et la liposuccion, ils représentent plus de 50% des patients. La plus grosse part des patients dans la chirurgie esthétique a entre 19 et 34 ans mais même les 18 ans et moins y ont de plus en plus recours.La chirurgie esthétique attire de plus en plus de jeunes et d’après Elsa Mari, journaliste santé au Parisien, il n’y a plus de frontières sociales ou géographiques. Des jeunes de tous les milieux sont attirés par la chirurgie esthétique, et la raison principale serait l’utilisation des réseaux sociaux. D’après le Professeur Maurice Mimoun, les jeunes ne se font plus opérer pour ressembler à des célébrités, ils veulent ressembler à leur filtre sur les réseaux sociaux. Les premiers filtres sont apparus sur Snapchat. D’abord destinés à l’amusement (oreilles de lapin…), les premiers filtres beauté apparaissent sur Snapchat en 2015, puis sur Instagram en 2018. Aujourd’hui, le filtre TikTok « Bold Glamour », particulièrement réaliste grâce à une intelligence artificielle qui adapte le filtre au visage, a le plus de succès. Les filtres beauté gomment les imperfections (acné, rides…) et modifient légèrement la forme du visage (nez affiné, lèvres gonflées…).
D’après Jean-François Amadieu, professeur des Universités à Paris 1, les jeunes chercheraient à façonner leur image parce que l’apparence confère un statut social. Notre image est partout, en particulier sur les réseaux, et la beauté confère de nombreux avantages. Dès l’enfance, l’entourage attribue plus de qualités aux enfants mignons. Plus tard, les demandeurs d’emploi sont discriminés en fonction de leur âge et de leur apparence, tous deux liés à l’image.
La beauté apporterait donc une meilleure carrière professionnelle, mais aussi concrètement plus d’argent pour ceux qui dépendent de leur image sur les réseaux sociaux pour en gagner : les influenceurs. Parmi les influenceuses les plus populaires sur Instagram dans le monde en 2023, on trouve Kim Kardashian, ainsi que ses demi-sœurs Kylie et Kendall Jenner, devenues connues grâce à l’émission de télé-réalité « Keeping Up with the Kardashians », qui bénéficient chacune de plus de 300 millions d’abonnés. Ces influenceuses ont toutes les trois eu recours à de multiples interventions de chirurgie esthétique, comme la plupart des influenceurs, dont certains en font également ouvertement la promotion sur les réseaux./.