Maxime Gautier
Research Lead covering the French market
Les médecins en France - Faits et chiffres
Le soin va-t-il devenir un privilège en France dans les années à venir ? La population vieillissante de la France entraine une augmentation des besoins en soins alors que le nombre de médecins stagne depuis des années, voire diminue en raison d’un grand nombre de départs à la retraite. Ce manque de médecins intervient après des décennies de réduction du numerus clausus qui pèsent encore aujourd’hui sur la démographie médicale française. Comme au Royaume-Uni, la profession est en crise en France avec une densité médicale bien inférieure à celle de la plupart des pays de l’OCDE, bien loin derrière l’Allemagne et l’Espagne. Le second défi de la profession médicale en France est la gestion des déserts médicaux. Alors que dans certains pays comme en Allemagne, les médecins ne peuvent pas s’installer dans les zones sur-dotées, en France, la densité de médecins peut varier du simple au triple d’un département à l’autre.
Ce numerus clausus sera de plus en plus faible au fil des années et même divisé par deux en vingt ans. Dans les années 1990, face aux protestations des internes en médecine et aux problématiques concernant les délais d’attente des patients dans les hôpitaux, le numerus clausus sera à nouveau augmenté. Il faudra attendre 2017 pour que le nombre d’étudiants en deuxième année de médecine réatteigne un nombre similaire à celui de 1978. En 2020, une réforme modifie le fonctionnement de cette règlementation. Le numerus clausus est remplacé par un numerus apertus. Le numerus apertus désigne une limitation minimum d’étudiants en deuxième année de médecine, contrairement au numerus clausus qui est un nombre maximal d’étudiants acceptés en seconde année. Le nombre de places du numerus apertus est fixé chaque année par décret.
Au total, le nombre de médecins en activité régulière a légèrement diminué entre 2010 et 2023 alors que la part des plus de 65 ans va passer de 17% en 2010 à 24% en 2030 dans la population française.
Pour combler ce déficit de médecins, les autorités encouragent les médecins à la retraite de reprendre du service. Entre 2010 et 2024, les médecins retraités ayant conservé une activité médicale sont passés de 5.600 à 21.500.
Le manque de médecins pourrait encore se creuser dans les années à venir, puisque près de 99.000 médecins aujourd’hui actifs en France ont plus de 54 ans.
Une autre solution est le recours aux médecins étrangers. En 2024, 14% des professionnels inscrits à l’ordre des médecins avaient obtenu leur diplôme à l’étranger, dont 8% en dehors de l’Europe.
Or, ce n’est pas le cas partout. En Allemagne, par exemple, un médecin ne pourra s’installer dans une zone densément peuplée en médecins, appelée aussi zone surdotée, si et seulement si une place se libère. En France, ce fonctionnement existe déjà pour certaines professions de santé comme les kinés, les sage-femmes et les infirmiers. En 2024, seuls les médecins libéraux refusaient ce système de convention sélectif.
En France, dans les départements de la diagonale du vide comme en Eure-et-Loir et dans le Cher, on compte respectivement 86 et 97 médecins pour 100.000 habitants, alors que ce nombre est de 291 dans les Hautes-Alpes. La répartition des médecins sur le territoire varie aussi très fortement selon les spécialités. Alors que l’on considère que seulement 1,7 million de Français habitent dans un désert médical pour avoir accès à un médecin généraliste, ils sont 7 millions à se trouver dans un désert médical pour la gynécologie et 12,6 millions pour l’ophtalmologie.
Ce double défi que doit relever la médecine en France, avec à la fois un manque de médecins et des déserts médicaux, se combine à la profonde crise hospitalière que subit le pays, avec des fermetures de lits qui se multiplient et un grand nombre de postes qui ne sont pas occupés.
La baisse du nombre de médecins était prévisible et pourtant
En 1972, la France instaure le numerus clausus, c’est-à-dire la limitation du nombre de places ouvertes aux étudiants en deuxième année d’études de médecine. Dans quel but ? Entre autre, avoir les moyens suffisants pour former les étudiants dans les hôpitaux universitaires et réduire les dépenses de santé en diminuant progressivement le nombre de médecins.Ce numerus clausus sera de plus en plus faible au fil des années et même divisé par deux en vingt ans. Dans les années 1990, face aux protestations des internes en médecine et aux problématiques concernant les délais d’attente des patients dans les hôpitaux, le numerus clausus sera à nouveau augmenté. Il faudra attendre 2017 pour que le nombre d’étudiants en deuxième année de médecine réatteigne un nombre similaire à celui de 1978. En 2020, une réforme modifie le fonctionnement de cette règlementation. Le numerus clausus est remplacé par un numerus apertus. Le numerus apertus désigne une limitation minimum d’étudiants en deuxième année de médecine, contrairement au numerus clausus qui est un nombre maximal d’étudiants acceptés en seconde année. Le nombre de places du numerus apertus est fixé chaque année par décret.
Au total, le nombre de médecins en activité régulière a légèrement diminué entre 2010 et 2023 alors que la part des plus de 65 ans va passer de 17% en 2010 à 24% en 2030 dans la population française.
Pour combler ce déficit de médecins, les autorités encouragent les médecins à la retraite de reprendre du service. Entre 2010 et 2024, les médecins retraités ayant conservé une activité médicale sont passés de 5.600 à 21.500.
Le manque de médecins pourrait encore se creuser dans les années à venir, puisque près de 99.000 médecins aujourd’hui actifs en France ont plus de 54 ans.
Une autre solution est le recours aux médecins étrangers. En 2024, 14% des professionnels inscrits à l’ordre des médecins avaient obtenu leur diplôme à l’étranger, dont 8% en dehors de l’Europe.
Les déserts médicaux
Certaines régions bénéficient d’une densité de médecins suffisante pour répondre aux besoins de la population, mais dans d’autres départements, l’accès aux soins est difficile. Les médecins s’installent avant tout en Île-de-France, ainsi que dans les grandes métropoles françaises, sur les côtes et dans la région des massifs savoyards. Puisqu’il s’agit d’une profession libérale, la législation ne contraint pas les médecins libéraux à s’installer dans les déserts médicaux.Or, ce n’est pas le cas partout. En Allemagne, par exemple, un médecin ne pourra s’installer dans une zone densément peuplée en médecins, appelée aussi zone surdotée, si et seulement si une place se libère. En France, ce fonctionnement existe déjà pour certaines professions de santé comme les kinés, les sage-femmes et les infirmiers. En 2024, seuls les médecins libéraux refusaient ce système de convention sélectif.
En France, dans les départements de la diagonale du vide comme en Eure-et-Loir et dans le Cher, on compte respectivement 86 et 97 médecins pour 100.000 habitants, alors que ce nombre est de 291 dans les Hautes-Alpes. La répartition des médecins sur le territoire varie aussi très fortement selon les spécialités. Alors que l’on considère que seulement 1,7 million de Français habitent dans un désert médical pour avoir accès à un médecin généraliste, ils sont 7 millions à se trouver dans un désert médical pour la gynécologie et 12,6 millions pour l’ophtalmologie.
Ce double défi que doit relever la médecine en France, avec à la fois un manque de médecins et des déserts médicaux, se combine à la profonde crise hospitalière que subit le pays, avec des fermetures de lits qui se multiplient et un grand nombre de postes qui ne sont pas occupés.
