Afin de lutter contre l'inflation galopante qui sévit en Europe, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une augmentation de ses taux d'intérêt directeurs de 0,50 points. Il s'agit d'un tournant majeur qui met fin à la politique de taux zéro menée par l'institution monétaire depuis plusieurs années, alors que la précédente hausse remontait à 2011. Dans le détail : le taux des opérations principales de refinancement - qui fournit l'essentiel des liquidités aux banques de la zone euro - grimpe à 0,50 %, tandis que le taux de rémunération des dépôts passe à 0 % et celui de la facilité de prêt marginale à 0,75 %.
Par rapport aux banques centrales américaines et britanniques, qui ont relevé leurs taux plusieurs fois ces derniers mois pour contrer la hausse des prix, la BCE démarre relativement en retard sa course contre l'inflation. L'Union européenne maintenait initialement une politique de taux d'intérêt nuls pour revigorer l'économie, et s'en est tenue à cette approche pendant la pandémie. De leur côté, les États-Unis et le Royaume-Uni avaient commencé dès 2017 à s'écarter de cette stratégie adoptée par les pays développés suite à la récession de 2008. Ceci leur a donné la possibilité de pouvoir abaisser à nouveau leurs taux en 2020 et de donner une impulsion supplémentaire à l'économie en réaction à la crise.
Faisant figure d'exception parmi les économies à haut revenu, le Japon a commencé à appliquer une politique monétaire de taux zéro à partir des années 1990, en réponse à une bulle spéculative qui touchait alors le pays. Comme l'indique notre graphique, la Banque centrale japonaise est même passée à des taux négatifs depuis 2016, alors que le Japon connaît des problèmes chroniques de croissance et une déflation rampante. Comme cela signifie que ce pays est moins affecté par l'inflation mondiale que d'autres nations, la Banque centrale japonaise ne voit pas encore de raisons de relever ses taux directeurs dans un avenir proche.