Observé pour la première fois en Afrique australe en novembre, le variant Omicron du coronavirus est associé à l'importante remontée des cas enregistrée ces dernières semaines en Afrique du Sud, et plus récemment dans certains pays d'Europe. Si les études sur ce nouveau variant sont toujours en cours et n'ont pas encore livré leurs résultats, de nombreux indices convergent vers l'hypothèse d'une plus grande transmissibilité. D'autres signes semblent en revanche suggérer qu'il pourrait être moins sévère que son prédécesseur, le variant Delta.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les dégâts occasionnés à l'échelle d'une population par un virus plus contagieux sont potentiellement plus importants que ceux d'un variant plus mortel. En reprenant des calculs réalisés par Le Monde à partir des dernières données épidémiologiques, notre graphique illustre cette différence de dangerosité théorique en présentant deux scénarios.
À circulation virale égale, un variant dont le taux de létalité serait 2 fois plus élevé que la souche initiale ferait logiquement 2 fois plus de victimes. Mais cette augmentation serait constante dans le temps. En revanche, une transmissibilité accrue présente un impact plus préoccupant, car il ne s’agit pas d'une hausse unique, mais qui se multiplie avec la croissance plus rapide des contaminations. Ainsi, à létalité égale et après deux semaines de propagation dans les mêmes conditions, un variant 1,5 fois plus infectieux causerait déjà 3 fois plus de décès que le virus initial. Après une vingtaine de jours, le bilan humain devient même potentiellement 5 fois plus élevé.
Il est important de souligner qu'il s'agit d'exemples basés sur un scénario de circulation libre du virus dans une population non vaccinée. Ils ne tiennent pas compte, ni des mesures sanitaires qui peuvent être prises, ni de la vaccination massive réalisée cette année et des campagnes de rappel en cours. Des paramètres qui changent la donne puisque les vaccins réduisent très efficacement le nombre de cas graves de Covid-19. Les scénarios présentés ici permettent toutefois de comprendre pourquoi la question de la contagiosité des variants suscite autant d'inquiétudes chez les chercheurs et les autorités sanitaires.