Il y a un an, le 17 novembre 2018, naissait le mouvement des "Gilets jaunes" avec le début de la mobilisation organisée autour de l'occupation de ronds-points, blocage de routes et manifestations hebdomadaires. Si les protestations rassemblent au départ surtout les habitants des zones rurales et périurbaines, elles s'étendent rapidement aux métropoles et, contre toute attente, dureront plusieurs mois.
Fréquemment cité comme l'élément déclencheur de la révolte, la hausse des prix du carburant n'explique pas à elle seule cette grogne soudaine d'une partie de la population et doit être replacée dans un contexte socio-économique plus large. La stagnation voire l'érosion du pouvoir d'achat sur la dernière décennie constitue un facteur explicatif majeur et trouve notamment sa source dans la croissance des dépenses contraintes des ménages, c'est à dire loyers, charges, assurances, frais bancaires ou encore abonnements téléphoniques.
Ainsi, entre 1960 et 2018, la part des dépenses pré-engagées dans le revenu disponible des ménages est passée de 12,6 % à 29,2 %. Comme le montre notre infographie basée sur les données de l'Insee, ce sont principalement les dépenses liées au logement (loyer, énergie,...) qui sont responsables de cette hausse et qui pèsent le plus dans le budget des Français.
Ces chiffres représentent toutefois une moyenne pour l'ensemble des ménages de France et le poids de ces dépenses contraintes varie beaucoup selon le niveau de vie. Les ménages les plus modestes sont les plus fortement impactés et la Drees estime que 61 % de leur revenu disponible est englouti dans les dépenses pré-engagées.