Considérée comme l'une des mers les plus polluées au monde, la Méditerranée se transforme en un gigantesque réservoir de déchets plastiques. Du fait d'une forte densité de population, de flux touristiques et maritimes importants, mais aussi de l'absence de systèmes de gestion efficace des déchets dans plusieurs pays du bassin, cette mer semi-fermée enregistre des niveaux record de pollution qui mettent en danger les espèces marines et la santé humaine.
Selon une étude publiée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), la quantité totale de plastique accumulée dans la mer Méditerranée est actuellement estimée à 1,2 millions de tonnes. Comme le notent les auteurs, cette estimation reste très incertaine car la plupart des recherches menées jusqu'à présent portent principalement sur le plastique accumulé à la surface de la mer, qui constitue une part minime du stock total.
L'étude estime que 229 000 tonnes de déchets plastiques finissent leur course dans la Méditerranée chaque année (avec une fourchette possible allant de 150 000 à 610 000 tonnes). Ces déchets sont composés à 94 % de macroplastiques et à 6 % de microplastiques. Avec une population nombreuse (102 millions d'habitants) vivant majoritairement au bord de l'eau et un taux de déchets mal gérés qui atteint 95 %, l'Égypte contribue massivement à cette pollution (environ 75 000 tonnes par an, soit près d'un tiers du total). Les trois autres principaux pays émetteurs sont l'Italie (38 000 tonnes), la Turquie (25 000 tonnes) et l'Algérie (14 000 tonnes).
De manière générale, les "points chauds de la pollution plastique" tendent à se situer près de l'embouchure des grands fleuves (comme le Nil, le Rhône ou le Pô) et près des grandes métropoles ou zones urbaines. Les villes côtières les plus peuplées de la région sont par exemple Alger, Alexandrie, Barcelone, Naples et Izmir.
Comme le montre aussi notre carte, la pollution plastique n'est pas uniquement le fait des zones côtières. Certains pays qui ne bordent pas la mer Méditerranée mais qui font partie de son système fluvial, comme le Soudan (Nil) ou la Suisse (Rhône), rejettent également des quantités non négligeables de déchets. D'après l'étude, les zones situées à moins de 23 km des côtes sont responsables de 35 % des rejets de macroplastiques en mer, tandis que les 65 % restants proviennent de l'intérieur des terres et sont transportés par ruissellement vers le milieu marin.