L'empreinte carbone oubliée de l'industrie de la mode

La semaine de la mode (ou "fashion week") de Paris dédiée à la présentation des collections de prêt-à-porter pour la saison printemps-été 2024 se déroule du 20 au 25 juin 2023. Ces dernières années, l'industrie de la mode a beaucoup été critiquée pour son empreinte écologique, que ce soit au niveau de la consommation de ressources, de la pollution engendrée ou de l'utilisation de matériaux non durables. Toutefois, un aspect souvent négligé est l'impact des grands événements et défilés de mode internationaux. Et il y en a beaucoup - les semaines bi-annuelles de la mode de Londres, Milan, Paris et New York sont les quatre majeures, mais de nombreuses autres sont organisées dans d'autres villes, comme les défilés de Copenhague, Tokyo et Séoul.

Les organisations Carbon Trust & ORDRE ont collecté des données sur les émissions générées par les voyages d'affaires d'environ 11 000 acheteurs et 5 000 créateurs de mode participant aux semaines de la mode depuis la saison printemps-été 2018. En moyenne, les chercheurs ont découvert que 241 000 tonnes équivalent CO2 (tCO2éq) étaient générées chaque année par les voyages en avion, les trajets interurbains, l'hébergement et le transport des collections lors des événements de mode. À titre de comparaison, cela représente un peu plus du double des émissions annuelles de gaz à effet de serre d'un territoire comme Monaco.

Le graphique ci-dessous montre que les semaines de la mode de New York ont eu l'impact le plus important sur le climat au niveau mondial, puisqu'elles ont été responsables d'environ 60 000 tCO2éq rejetées par an, suivies de celles de Paris avec 45 000 tCO2éq et de Londres avec 28 000 tCO2éq. L'empreinte carbone moyenne d'un acheteur est de 12,1 tCO2éq, et celle d'un designer de mode de 7,6 tCO2éq.

Cette étude a renforcé la pression déjà croissante sur l'industrie du vêtement pour qu'elle améliore ses pratiques durables. Même s'il reste encore du chemin à parcourir, de nombreuses entreprises du secteur ont répondu à l'appel. Par exemple, la semaine de la mode de Londres, qui s'est déroulée du 9 au 12 juin, a été organisée en combinant des événements en ligne et physiques, tandis que la semaine de la mode de Copenhague a instauré une série d'exigences en matière de pratiques commerciales et de matériaux utilisés que les créateurs doivent respecter pour être admis au défilé.

Les auteurs du rapport recommandent plusieurs mesures pour réduire les émissions qui seront générées dans les années à venir. Il s'agit notamment d'éviter de voyager en classe affaires, dont l'empreinte carbone par passager est plus élevée qu'en classe économique, et d'opter pour des trajets en train plutôt qu'en avion quand cela est possible.