Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi était en visite officielle à Paris cette semaine. Le chef d'État africain et son homologue français se sont rencontrés pour débattre des grandes crises régionales, de la situation des droits de l’Homme en Égypte, mais aussi de la hiérarchie entre la religion et les lois. Dans un échange "politico-philosophique", le président égyptien a affirmé que "les valeurs religieuses doivent avoir la suprématie sur les valeurs humaines”, ce à quoi Emmanuel Macron a répondu "la valeur de l’homme est supérieure à tout". Cette divergence d'opinion est révélatrice d'une fracture mondiale sur la place de la religion dans la société, comme le met en évidence notre graphique basé sur une étude réalisée par Pew Research dans plus de 30 pays à travers le monde.
Les Suédois et les Français sont les plus nombreux à considérer que la religion n'est pas indispensable à la moralité humaine. À la question "croire en Dieu est-il nécessaire afin d'avoir de bonnes valeurs ?", respectivement 90 % et 84 % d'entre eux estiment que la foi religieuse n'est pas nécessaire. Globalement, une majorité de la population est du même avis en Europe et en Amérique du Nord, bien que l'importance de la religion soit par exemple beaucoup plus prononcée aux États-Unis, où 44 % estiment que croire en Dieu est essentiel. Dans d'autres pays et régions du monde, la population exprime une opinion diamétralement opposée. En Indonésie et au Nigeria, ce sont plus de 90 % des répondants qui estiment que les croyances religieuses sont indispensables pour avoir de bonnes valeurs morales. Mais la religion joue également un rôle important en Amérique du Sud, comme l'illustre le résultat obtenu au Brésil.