Prisons
Les prisons françaises sont surpeuplées
C'est un nouveau record : au 1er juillet 2024, le nombre de détenus incarcérés dans les prisons françaises a atteint 78 509. À cette date, le nombre de places opérationnelles dans les établissements pénitentiaires de l'Hexagone était de 61 869, et leur taux d'occupation était de 127 %. C'est le dixième mois consécutif que la population carcérale en France augmente. D'après le ministère de la Justice, 3 526 détenus au 1er juillet dormaient sur des matelas posés au sol en raison du manque de places. C'est plus d'un millier de plus qu'il y a un an.
La situation des prisons françaises est loin d'être un nouveau problème. Le 6 juillet 2023, la France avait été une nouvelle fois condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour la vétusté de ses prisons, trois ans après un jugement historique l'épinglant pour de sévères problèmes de surpopulation carcérale. Saisie par une trentaine de détenus de cinq établissements pénitentiaires de métropole et d'outre-mer, la CEDH avait alors recommandé à l'État d’« envisager l’adoption de mesures générales visant à supprimer le surpeuplement et à améliorer les conditions matérielles de détention ». L'an dernier, trois détenus de la prison de Fresnes ont obtenu la condamnation de la France pour les conditions de détention qu'ils ont subies. Lorsqu’ils ont saisi la Cour en 2018, le taux de surpopulation dans ce centre pénitentiaire de la banlieue parisienne était de 197%.
D'après les chiffres du Ministère de la Justice, sur lesquels se basent cette infographie, les prisons de France connaissent une issue quasi-systématique de surpopulation : leur taux d'occupation n'est tombé qu'une fois en dessous des 100% depuis 1990 (en 2001, les établissements pénitentiaires français ont vu brièvement leur taux d'occupation descendre à 98,4%). Dans sa décision rendue en juillet 2023, la CEDH avait écrit considérer que les conditions d'emprisonnement en France allaient à l'encontre des articles 3 et 13 de la Convention européenne des droits de l’homme (interdiction des traitements inhumains ou dégradants et droit à un recours effectif), notamment « en raison des conditions de détention subies par les requérants du fait de la surpopulation carcérale ». Le pays avait dû, au total, verser plus de 46.000 euros aux trois plaignants.
Description
Ce graphique donne un aperçu du taux d'occupation des établissements pénitentiaires en France entre 1994 et 2024 (en %).