50 ans après Mai 68

Il y a 50 ans, la Fête du Travail marquait le début des événements de mai-juin 1968, tournant majeur pour l’ensemble de la société française. D’abord initié par la jeunesse, le mouvement de Mai 68 rassemblera vite une grande partie de la population, remettant en cause les fondements de la société. Retour en chiffres et faits sur un épisode qui a changé le visage de la France.
La France des années 1960 est bien différente de celle d’aujourd’hui : plus traditionnelle, elle provoque le malaise des jeunes générations, et en particulier des étudiants, qui sont alors un peu moins de 700 000 – contre plus de 11 millions aujourd’hui. S’il n’y a pas que dans l’Hexagone que les étudiants se révoltent (des mouvements estudiantins ont également lieu aux États-Unis, portés par la guerre du Viêt Nam), la France se distingue des autres pays par le ralliement d’autres couches de la population à la contestation. Le chômage, qui a commencé à faire son apparition et inquiète les ouvriers, touche alors 584 600 personnes et alimente les tensions.
Quelques jours après la Fête du Travail, les syndicats d’étudiants appellent à la grève et incitent à descendre dans la rue dès le 6 mai. Mais ce n’est qu’à partir du 13 mai que les ouvriers et enseignants de tout le pays annoncent une grève générale. La paralysie économique gagne vite la France, où l’on dénombre entre 8 et 10 millions de grévistes le 21 mai. Les sympathisants non-grévistes sont également nombreux parmi les employés et ouvriers. Face à ce mouvement sans précédent, l’Assemblée nationale est dissoute, donnant lieu à de nouvelles élections fin juin, d’où sortiront l’UDR et ses alliés vainqueurs.
Un désaveu pour la gauche, qui peut tout de même se féliciter des avancées de Mai 68 : en plus d’une augmentation des salaires, et notamment du SMIG, et d’une baisse progressive du temps de travail, les mœurs se transformeront pour laisser place à une société plus libertaire. Ainsi, le nombre de mariage baissera tandis que celui des divorces augmentera suite à cette révolution culturelle. De même, le taux de femmes actives passera de moins de 40 % en 1968 à près de 70 % en 2018.
Aujourd’hui majoritairement considéré comme un succès sur les plans culturel et social par les Français, Mai 68 est néanmoins jugé plus sévèrement sur le plan politique. Cela n’empêche toutefois pas 51 % des Français d’estimer un mouvement similaire nécessaire à la France de 2018.