La surpopulation carcérale, un problème persistant en Amérique latine

Après plusieurs jours de violences perpétrées par des bandes criminelles, dans lesquelles au moins quatorze personnes ont perdu la vie, le président équatorien Daniel Noboa a déclaré mercredi 10 janvier que son pays était « en état de guerre ». L'Équateur est en effet actuellement en proie à une vague de violences sans précédent, causées par des gangs de narcotrafiquants.

Le pays, actuellement le principal point d’exportation de la cocaïne produite au Pérou et en Colombie, a récemment connu une escalade de violences liées aux gangs. Entre 2018 et 2023, les assassinats dans les rues d'Équateur ont augmenté de 800 %, passant de 6 à 46 pour 100 000 habitants ; l'année dernière, près de 8 000 homicides ont été recensés dans le pays. Mais les violences ont atteint leur paroxysme ces derniers jours.

Mardi 9 janvier, un groups d'hommes armés a fait irruption sur un plateau de télévision de la chaine publique équatorienne TC Television, et pris les journalistes en otage. Dans les prisons du pays, des mutineries ont également éclaté. Cette vague de violences sans précédent fait suite aux évasions d’Adolfo Macias, alias « Fito », chef du gang Los Choneros, qui compte environ 8000 hommes, dimanche 7 janvier, et de Fabricio Colon Pico, le chef du gang des Los Lobos, quelques jours plus tard.

Comme le montre notre infographie, basée sur les données de World Prison Brief, les prisons d'Équateur sont actuellement surpeuplées : elles sont en effet occupées à 112 %. Ce phénomène est cependant bien plus prononcé dans un grand nombre de pays d'Amérique latine. Cinq pays du continent ont ainsi une population carcérale plus de deux fois supérieure à la capacité de leurs prisons : le Pérou (229 % d'occupation), le Salvador (237 %), la Bolivie (264 %), le Guatemala (293 %), et Haiti, dont la population carcérale est presque cinq fois supérieure à sa capacité officielle.