Le monde en colère

Le début du XXIe siècle a vu le monde secoué par une multitude de mouvements de protestations populaires : des révoltes du printemps arabe aux manifestations des Gilets jaunes, en passant par le mouvement "Occupy Wall Street" et les vagues de contestation en Amérique latine et à Hong Kong. Certaines périodes de l'histoire ont été particulièrement animées par les mouvements sociaux, comme ce fût le cas par exemple en 1848, 1917 et 1968. Ces dernières années, les signes semblent indiquer que nous sommes entrés dans une nouvelle période de mécontentement, une période qui a déjà produit plusieurs mouvements de grande ampleur.

Une nouvelle étude publiée début novembre a révélé que le nombre de mouvements de protestation dans le monde avait plus que triplé au cours des quinze dernières années. L'analyse se base sur le recensement de près de trois mille événements qui ont eu lieu entre 2006 et 2020 dans 101 pays couvrant plus de 93 % de la population mondiale. La région Europe-Asie centrale est celle où l'on a recensé le plus de mouvements sociaux, soit près de 30 % du total mondial sur la période étudiée. Selon l'étude, chaque région a connu une augmentation, incluant plusieurs mouvements majeurs de protestation. Après un premier pic atteint en 2012 (manifestations anti-austérité, printemps arabe), le nombre annuel d'événements identifiés au cours du XXIe siècle n'a jamais été aussi élevé qu'en 2020.

Parmi les raisons pouvant expliquer le regain des protestations à l'échelle mondiale ces dernières années, les auteurs soulignent un problème particulier : l'échec démocratique. Leurs recherches concernant les revendications ont révélé que la majorité des mouvements sociaux qu'ils ont enregistrés (54 %) étaient motivés par la perception d'un échec des systèmes politiques et de leur représentation. Parmi les autres thèmes fréquemment abordés figuraient également la corruption, la justice économique, les inégalités et le manque d'actions vis-à-vis du changement climatique.