Racisme et discriminations religieuses
Le mouvement “Black lives matter” (la vie des Noirs compte), né aux Etats-Unis en 2013 a encore une fois mis l’accent sur le racisme systémique subi par les personnes noires. En 2022, les forces de sécurité ont enregistré plus de 12.000 infractions commises en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la prétendue race ou la religion en France, dont des provocations, injures et menaces, mais aussi des violences et des atteintes à la vie. Les personnes noires sont particulièrement touchées par les discriminations, qui concernent quasiment tous les aspects de leur vie. En France, 36% des personnes d’origine africaine subissent de la discrimination au niveau du logement et 26% au travail, 13% d’entre elles même dans le secteur de la santé.Mais les discriminations en raison de la religion sont également fréquentes. Les autorités publiques ont recensé 188 actes antimusulmans en 2022 et 1.676 actes antisémites en 2023.
Si les hommes sont principalement discriminés en raison de leurs origines, les femmes sont principalement discriminées en raison de leur sexe, qui constitue de loin le principal motif de discrimination des femmes, devant les origines, l’âge ou encore l’état de santé ou le handicap.
Sexisme et discriminations contre les femmes
Malgré une égalité en droits, les inégalités entre femmes et hommes persistent en France. Dès l’année après l’obtention de leur diplôme, le montant du salaire annuel des femmes est inférieur de plusieurs milliers d’euros à celui des hommes. Cet écart de salaire s’accentue encore avec l’âge, jusqu’à atteindre un écart de plus de 26% chez les 60 ans et plus. Les femmes sont fortement sous-représentées dans de nombreux secteurs et postes valorisés, notamment dans le secteur cinématographique, parmi les députés à l’Assemblée nationale, ou encore parmi les dirigeants d’entreprises.De plus, les femmes subissent de nombreuses attitudes sexistes et ce dès le plus jeune âge. Harcèlement de rue, agressions sexuelles, viols… 80% des femmes ont déjà eu peur de rentrer seules le soir.
Homophobie et discriminations contre les personnes LGBT+
L’homosexualité et la bisexualité sont de mieux en mieux acceptées en France. Les proches réagissent généralement positivement lors d’un coming out homosexuel ou bisexuel et la génération Z est particulièrement ouverte sur les questions liées à l’orientation sexuelle.Néanmoins, les personnes LGBT+ restent fréquemment victimes de discriminations et d’atteintes physiques ou morales. Certes, le nombre d’agressions à caractère LGBTIphobe a diminué ces dernières années par rapport au pic de 2013 lié à la légalisation du mariage pour tous, mais il reste stable entre 2010 et 2022 et le nombre d’atteintes anti-LGBT enregistrées par les services de sécurité a fortement augmenté entre 2016 et 2022, passant d’environ 1.800 à 4.040. La plupart du temps, il s’agit de diffamations, d’injures, d’atteintes physiques ou de menaces. Pour ne pas s’exposer à des injures ou agressions, la majorité des personnes LGBT+ évitent d’embrasser ou de tenir la main d’un partenaire de même sexe en public.
Même si 85% des Français considèrent aujourd’hui que l’homosexualité est « une manière comme une autre de vivre sa sexualité », force est de constater que l’égalité est encore loin d’être atteinte et que la France n’est pas la meilleure élève en la matière, surtout si on la compare à ses pays voisins.
Discrimination multiple et intersectionnelle
Si les facteurs discriminants, comme la couleur de peau, la classe sociale ou l’âge, sont divers, certains individus les cumulent et sont d’autant plus fortement discriminés. Dans son étude sur l’intersectionnalité dans l’Union européenne, la professeure de droit Sandra Fredman propose trois grandes approches pour conceptualiser la discrimination fondée sur plus d’un motif : la discrimination multiple séquentielle, lorsqu’une personne fait l’objet de discrimination pour divers motifs en des occasions distinctes, la discrimination multiple additive, lorsqu’une personne subit une seule discrimination mais pour plusieurs motifs, et la discrimination intersectionnelle, lorsqu’une personne est victime de discrimination pour plusieurs motifs qui interagissent de manière inséparable. La discrimination intersectionnelle comprend les situations les plus complexes, dans lesquelles il n’est plus possible d’identifier séparément les motifs de discrimination.Les femmes noires sont l’un des exemples les plus frappants de ces types de discriminations, mais cela concerne également les femmes LGBT+. Ainsi, si 38% des jeunes femmes hétérosexuelles ont déjà subi du sexisme, ce taux monte à 54% chez les jeunes femmes LGBT. Si les jeunes femmes hétérosexuelles et les jeunes hommes homosexuels sont environ 25% à avoir subi des agressions sexuelles, les unes en raison de leur sexe et les autres en raison de leur orientation sexuelle, 38% des jeunes femmes LGBT ont subi des agressions sexuelles, montrant l’effet cumulatif de la discrimination contre les femmes et contre les personnes LGBT.
Des solutions en perspective ?
La grande majorité des Français souhaite mettre fin aux discriminations, mais les pistes de solutions sont aussi diverses que les types de discriminations eux-mêmes, rendant de fait leur éradication complexe. 78 % des Français pensent qu'il est nécessaire de mener une lutte vigoureuse contre le racisme et 83% des Français sont favorables à l’égalité des salaires et des retraites quelle que soit la nationalité. Par ailleurs, pour contrer les discriminations au travail, 84% des Français souhaitent que les sanctions contre les employeurs coupables de discriminations raciales ou religieuses soient renforcées. La suppression des photos sur les CV et les candidatures rendues anonymes sont également des pistes qui pourraient atténuer les discriminations à l’embauche.En ce qui concerne les discriminations envers les femmes, le mouvement #MeToo, largement soutenu par les Français, a libéré la parole des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles, mais n’a pas suffi pour mettre fin aux inégalités entre femmes et hommes. L’écrasante majorité des Français trouve les lois et sanctions existantes pour lutter contre les actes et propos sexistes insuffisantes ou mal appliquées. Cependant, ce n’est pas seulement une question de régulations. Les inégalités entre femmes et hommes ont également des raisons culturelles, religieuses et liées à l’éducation. Pour les Français, la principale raison en est que les soins, les tâches ménagères et les responsabilités parentales non rémunérées sont inégalement partagés entre femmes et hommes. Pour plus d’informations sur ces questions, n’hésitez pas à consulter notre page sur le féminisme en France./.