Maxime Gautier
Research Lead covering the French market
Les conditions de travail et le bien-être en France - Faits et chiffres
Chief Happiness Officer, ou responsable du bonheur, un poste apparu dans les bureaux de Google en 2005 qui s’est implanté en France au milieu des années 2010. Ce métier, aux contours assez flous, s’organise principalement autour de la communication interne, de la convivialité pendant les heures de travail, de l’événementiel interne ainsi que d'une certaine gestion des ressources humaines. Ce nouveau maillon en entreprise a pris son essor après une évolution des attentes des employés dans leur vie professionnelle. Certains critiquent ce poste, jugeant que c’est une approche cosmétique et marketing de la question des conditions de travail et du bien-être en entreprise, mais il reflète néanmoins une certaine nouvelle forme d’évaluation de la qualité de vie au travail. Et, en cette période où le chômage est faible en France et en Europe, les salariés ont l’avantage sur l’entreprise et peuvent changer plus facilement de travail. Pour conserver leurs équipes ou attirer de nouveaux talents, les entreprises investissent davantage sur leur « marque employeur », concept signifiant la stratégie d’image d’une entreprise sur sa gestion des ressources humaines . Des classements sur les meilleures entreprises pour les employés ont même fait leur apparition. Bien plus que les Chief Happiness Officer, c’est l’ensemble du monde du travail qui repense la qualité de vie de ses travailleurs, afin d’en réduire la pénibilité, les accidents de travail et d'augmenter la satisfaction des employés au travail.
Un nouveau facteur de bien-être est la possibilité de télétravailler. Cette nouvelle façon d’aborder le travail a été largement popularisée lors de la crise sanitaire. Des millions de personnes privées de déplacements ont dû continuer à exercer leur métier à domicile. Cette pratique présente de nombreux avantages selon les travailleurs : d’abord, des économies sur le trajet et les repas, mais également une meilleure conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle. Les années post-COVID sont néanmoins marquées par des retours au bureau en présentiel. En 2024, seuls 29% des Français déclaraient travailler au moins une fois par semaine en télétravail. Un retour qui ne déplait pas totalement aux Français. En effet, ils sont plus attachés au bureau que les autres Européens, alors que 72% des Espagnols souhaitent télétravailler davantage, les Français n’étaient que 50% à vouloir la même chose en 2022.
Un long combat pour de meilleures conditions de travail en France
Les conditions de travail désignent de manière générale l’environnement dans lequel les employés vivent sur leur lieu de travail. Elles englobent plusieurs dimensions telles que les conditions physiques de travail, les conditions technologiques, organisationnelles, temporelles, les contraintes managériales, l’intensité du travail et le niveau de sécurité de l’emploi. La question des conditions de travail en France a évolué au fil du temps. C’est au fil du 19ème siècle qu’ont été instaurés le conseil de prud’hommes, l’inspection du travail ainsi que le droit de coalition et le droit de grève. S’engageant autrefois dans la lutte pour les congés payés et contre le travail des enfants, les combats s’attardent aujourd’hui sur de nouvelles thématiques, comme le recours au télétravail, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, l’aménagement du lieu de travail, la migration pendulaire ou encore la santé mentale des salariés.Les Français et la satisfaction au travail
La notion de bien-être au travail s’inscrit de plus en plus parmi les enjeux salariaux. Les actifs ne veulent plus seulement vendre leurs compétences contre rétribution, mais attendent de leur activité professionnelle qu’elle soit agréable, épanouissante, voire même parfois qu’elle ait un impact sur le monde et la société. Ainsi, la quête de sens est davantage au cœur des préoccupations des jeunes actifs : un emploi n’est plus seulement un gagne-pain, il est vecteur d’accomplissement personnel. Cette tendance se retrouve aussi dans le positionnement des Français sur leur choix de vie. Fini le « travailler plus pour gagner plus », place au temps en famille et au développement personnel. En effet, alors que 62% des Français déclaraient vouloir travailler plus pour gagner plus d’argent en 2008, ils étaient 61% en 2022 à vouloir gagner moins d’argent, mais retrouver plus de temps libre. Pour autant, les Français restent pragmatiques et sont 60 % à citer le salaire comme premier facteur de motivation au travail en 2020.Un nouveau facteur de bien-être est la possibilité de télétravailler. Cette nouvelle façon d’aborder le travail a été largement popularisée lors de la crise sanitaire. Des millions de personnes privées de déplacements ont dû continuer à exercer leur métier à domicile. Cette pratique présente de nombreux avantages selon les travailleurs : d’abord, des économies sur le trajet et les repas, mais également une meilleure conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle. Les années post-COVID sont néanmoins marquées par des retours au bureau en présentiel. En 2024, seuls 29% des Français déclaraient travailler au moins une fois par semaine en télétravail. Un retour qui ne déplait pas totalement aux Français. En effet, ils sont plus attachés au bureau que les autres Européens, alors que 72% des Espagnols souhaitent télétravailler davantage, les Français n’étaient que 50% à vouloir la même chose en 2022.
Pénibilité physique et psychologique au travail
La pénibilité au travail touche toutes les tranches d'actifs. En 2019, seuls 28% se disaient rarement stressés au travail. La charge de travail et la pression orchestrée par la hiérarchie ou les clients sont les premières sources de pénibilité dans le cadre professionnel. Malgré cette omniprésence du stress au travail, certains milieux sont plus touchés que d’autres. Parmi les secteurs d’activité dont la part des employés souffrant de difficultés psychologiques au travail est la plus élevée, on trouve les emplois liés à la santé, à l'hébergement, à la restauration ainsi que les emplois dans le secteur de l’éducation. Lorsque ces problèmes ne sont pas reconnus et réglés à temps par les entreprises et les employés, cela peut conduire à des situations de burn-out, voire de suicide. Dans les années 2000, la France a connu une vague de suicides chez France Télécom (aujourd’hui Orange). De nouvelles méthodes de management, introduites via le plan managérial NExT, visaient à dégrader volontairement les conditions de travail afin de pousser vers la sortie plusieurs dizaines de milliers d’employés. Orange sera reconnu coupable de « harcèlement moral institutionnel » en cassation en 2025. Les entreprises peuvent également se faire attaquer en justice pour non-conformité des règles de sécurité sur le lieu de travail ayant entrainé des accidents. En France, les chiffres sont globalement à la hausse entre les périodes 2014-2018 et 2019-2022. En 2022, 775 accidents de travail mortels ont été enregistrés en France. Le nombre d’accidents de travail était cependant en baisse.
