Vingt-sept jours après avoir été nommé Premier ministre, à la suite de la chute du précédent gouvernement Bayrou, Sébastien Lecornu a remis sa démission lundi 6 octobre, après une levée de bouclier contre le nouveau gouvernement qu'il avait annoncé la veille, devenant ainsi le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Si le chef de l'État a accepté son départ, il lui a demandé de mener « d'ici mercredi soir d'ultimes négociations ». Cependant, même en cas de succès de ces « négociations », qu'il a accepté, Sébastien Lecornu a déclaré qu'il ne souhaitait pas être renommé Premier ministre.
Cette démission surprise a plongé la France dans une crise politique inédite à l'issue plus qu'incertaine. Trois options dominent à l'heure actuelle les débats : le Parti socialiste et les Écologistes poussent pour la nomination d'un Premier ministre de gauche par Emmanuel Macron, tandis qu'au Rassemblement National, la préférence est à un retour aux urnes, par la dissolution parlementaire ou la démission du président de la République. Cette dernière hypothèse est également plébiscitée par La France insoumise.
Alors que cinq Premiers ministres se sont succédés depuis le début de son second mandat en mai 2022 à octobre 2025 (soit en l'espace de trois ans et demi environ), le chef de l'État a vu sa cote de popularité plonger en septembre dernier, avec moins d'un Français sur cinq (17 %) exprimant une opinion favorable à l'égard de ses actions, selon un baromètre politique mensuel publié par Ipsos. Il s'agit du niveau le plus bas jamais enregistré par le locataire de l'Élysée depuis son arrivée au pouvoir en 2017 et, comme le notent les auteurs de l'étude, « c'est notamment auprès des sympathisants du bloc central que la cote du président a fortement chuté (54 %, -18 points de juillet à septembre) ».
Comme le montre notre infographie, l'instabilité gouvernementale sous la seconde présidence d'Emmanuel Macron rivalise désormais avec celles d'autres régimes démocratiques historiques réputés instables, alors que l'un des objectifs initiaux de la Ve République (en vigueur depuis 1958) était d'assurer plus de stabilité sur ce plan. Avec une longévité moyenne de 8,2 mois par gouvernement (en date du 6 octobre 2025), le second mandat d'Emmanuel Macron affiche ainsi une instabilité gouvernementale similaire à celle de la république de Weimar en Allemagne, où la difficulté à former des coalitions durables avait vu 20 gouvernements se succéder de novembre 1918 à janvier 1933 (longévité moyenne de 8,5 mois par gouvernement), ou encore à celle de la IIIe République française (1870-1940), qui avait connu au total 104 gouvernements sur près de soixante-dix ans (moyenne de 8,1 mois par gouvernement).
La IVe République française (1946-1958), considérée comme particulièrement instable avec ses coalitions fragiles et sa « valse des ministres » (24 gouvernements en presque douze ans), affiche quant à elle une durée moyenne de 6,0 mois par gouvernement.



















