Le niveau d'acidification des océans a dépassé un seuil critique pour la durabilité des écosystèmes, d'après le rapport « Planetary Health Check 2025 » publié le 24 septembre par l'Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique (PIK) - si bien que sept des neuf « limites planétaires » seraient désormais franchies. Outre l'acidité des mers, six autres limites se trouvent actuellement dans le rouge : le changement climatique (concentration de CO2 atmosphérique et forçage radiatif), la perte de la biodiversité (taux d'extinction des espèces), le changement d'usage des sols (déforestation), la modification des cycles de l'azote et du phosphore (pollution agricole), l'utilisation de l'eau douce (limite franchie en 2023) et l'introduction d'entités nouvelles dans la biosphère (polluants chimiques non testés). Les deux limites non franchies à ce jour sont la charge d'aérosols dans l'atmosphère et le niveau d'ozone dans la stratosphère.
Ce concept de « limites planétaires » a été défini en 2009 par une équipe internationale d'une trentaine de chercheurs. Ils ont identifié neuf processus biophysiques essentiels à la régulation de la Terre et quantifié les seuils au-delà desquels les équilibres naturels pourraient être destabilisés et les conditions de vie devenir défavorables à l'humanité. Ces limites ont été révisées en 2015 et en 2023, alors que le nombre de seuils transgressés est passés de trois en 2009 à sept aujourd'hui.
La mesure de contrôle de l'acidification des océans est le taux de saturation en aragonite, un minéral indispensable à la vie marine (plus l'océan est acide, plus l'aragonite se désagrège). La limite avait été définie à 80% de la valeur à l'ère pré-industrielle (soit 2,86) et les océans sont descendus en 2025 sous ce niveau (2,84). « C'est l'équivalent d'une hausse de 30 à 40% de l'acidité [depuis le début de l'ère industrielle] », relèvent les scientifiques. « Ce changement menace les organismes qui forment des coques ou squelettes en carbonate de calcium, comme les coraux, les mollusques ou des espèces cruciales du plancton. La disparition progressive de ces organismes peut perturber la chaîne alimentaire », s'inquiètent-ils. La principale cause de l'acidification des océans est l'absorption de dioxyde de carbone (CO2) émis avec la combustion d'énergies fossiles. La concentration de CO2 dans l'atmosphère est actuellement de plus de 420 ppm (parties par million), soit un niveau supérieur d'environ 20% au seuil défini par les scientifiques (350 ppm) et qui n'avait pas été atteint depuis plusieurs millions d'années.
Parmi les autres « limites planétaires » franchies, la modification des cycles de l'azote et du phosphore ainsi que la perte de biodiversité font partie des plus nettement dépassées. Ainsi, alors que la quantité d'azote rejetée dans les sols par les activités humaines devrait être égale ou inférieure à 62 millions de tonnes par an (Mt/an) à l'échelle mondiale, elle dépasse 160 Mt/an en 2025. Il en va de même pour la quantité de phosphate anthropique transférée dans les sols : plus de 18 Mt/an, contre un seuil fixé à 6,2 Mt/an. Le taux d'extinction des espèces apparaît également dangereusement élevé : alors que la limite est fixée à 10 extinctions par an sur un million d’espèces, chaque année entre 100 et 1 000 extinctions sur un million d'espèces sont enregistrées dans le monde.



















