La Commission européenne a lancé mercredi 3 septembre le processus de ratification de l'accord de libre-échange entre l'Union Européenne et le Mercosur - un groupe de pays rassemblant l'Argentine, le Brésil, le Paraguay, l'Uruguay et la Bolivie (depuis juillet 2024). Elle espère que les États membres de l'UE les plus réticents, la France en tête, finiront par donner leur accord final. À la fin de l'année 2024, une large partie des agriculteurs français s'étaient mobilisés contre ce traité, notamment les éleveurs qui dénonçaient, selon Le Monde, « une concurrence déloyale face aux grandes exploitations sud-américaines plus nombreuses, soumises à des normes sanitaires et environnementales moins exigeantes, et où la rémunération du travail est plus faible ».
Dans ce but, l'exécutif européen a tenté de répondre à l'une des grandes craintes de Paris, en s'engageant à surveiller de près les éventuelles perturbations du marché pour les producteurs européens de produits agricoles tels que le bœuf et la volaille. Une clause de sauvegarde a ainsi été ajoutée et prévoit d'instaurer un contrôle en temps réel des volumes de marchandises importées du Mercosur, ainsi que sur l'évolution de leurs prix. En cas de dérapage, elle permettra de suspendre temporairement les importations dans la filière concernée, afin d'enquêter sur d'éventuelles déséquilibres de concurrence et de résoudre la situation.
Reste à savoir si ces dispositions sauront convaincre la filière agricole française et l'opinion publique. À la fin de l'année 2024, une enquête réalisée par l'institut Polling Europe avait révélé que les Français étaient les plus critiques à l'égard de cet accord de libre-échange. En effet, seul un répondant interrogé en France sur cinq (20 %) avait une opinion positive vis-à-vis de son impact potentiel sur l'UE, et encore moins concernant l'impact sur le pays (13 %), contre une moyenne de 38 % (UE) et 32 % (propre pays) dans l'ensemble de l'UE. Chez nos voisins, le traité avec le Mercosur recueille par exemple une opinion nettement plus favorable en Espagne, où environ la moitié des répondants considèrent qu'il aura un impact bénéfique sur l'UE (52 %) et sur leur pays (45 %).



















