Enhardis d'un nouveau contrat de droits TV d'une valeur de plus de 13,5 milliards d'euros pour les trois prochaines saisons, les clubs de Premier League se sont déchaînés sur le marché estival des transferts, pulvérisant leur précédent record de dépenses datant de 2017. Selon le site spécialisé Transfermarkt, les 20 clubs de l'élite du football anglais ont déboursé ensemble plus de 2,23 milliards d'euros dans l'achat de joueurs cet été, soit environ trois fois le montant investi par les clubs de Serie A italienne (749 millions d'euros), et quatre fois celui dépensé par les clubs de Ligue 1 (558 millions d'euros).
Alors que les clubs des autres grands championnat européens se sont montrés beaucoup plus prudents avec leurs finances par rapport aux saisons pré-pandémiques, les clubs anglais n'ont montré aucun signe d'austérité, dépensant sans compter afin de rester compétitifs dans ce qui est le championnat de football le plus suivi au monde. Le vainqueur de la Ligue des champions 2021, Chelsea, a été le club le plus dépensier cet été. Sous la direction de son nouveau propriétaire américain, le club londonien mène toujours grand train, avec des dépenses estivales qui se sont élevées à 269 millions d'euros.
Comme le montre notre graphique, la Premier League se distingue d'autant plus si l'on regarde la balance nette, c'est-à-dire les ventes issues des transferts moins les achats. Ensemble, les clubs anglais affichent une balance des transferts négative de 1,35 milliard d'euros, alors qu'aucun autre grand championnat européen n'enregistre une balance négative excédant 52 millions d'euros. La Ligue 1 et la Bundesliga présentent même un équilibre positif.
Si les clubs d'Espagne, d'Italie, de France et d'Allemagne sont heureux de pouvoir compter sur ces rentrées d'argent massives en provenance de Premier League (d'autant plus que certains d'entre eux connaissent des difficultés financières depuis le Covid-19), le fossé des dépenses de transferts contribue à créer un dangereux déséquilibre pour le football européen. Si une telle situation perdure, les principaux championnats européens sont condamnés à devenir les antichambres de la Premier League, c'est-à-dire les pépinières de talents des clubs anglais, et l'intégrité des compétitions européennes en pâtira inévitablement.