En analysant une carotte de glace extraite au nord-ouest du Groenland, des chercheurs ont fait il y a quelques années une découverte (publiée en 2021 dans la revue PNAS) qui a bousculé les connaissances sur les conditions de glaciation de la région arctique. Cet échantillon de glace, prélevé sur une profondeur de 1400 mètres, a révélé la présence de brindilles et de feuilles parfaitement conservées, suggérant que l'immense île arctique s'est retrouvée en grande partie libre de glace pendant quelques millénaires il y a un peu plus de 400 000 ans (avant l'apparition d'Homo sapiens), sous un climat à peine plus chaud que celui d'aujourd'hui. Il s'agit d'une indication importante pour les scientifiques qui travaillent sur les effets des variations climatiques, ces récents travaux apportant une preuve que le Groenland est en réalité plus sensible au réchauffement que ce que l'on pensait et que le processus en cours de fonte glaciaire pourrait y être irrémédiable.
D'une superficie de plus de 1,7 millions de km2, la calotte glaciaire qui recouvre le Groenland est la deuxième plus grande masse de glace continentale sur Terre après celle de l'Antarctique (plus de 14 millions de km2). Comme le révèlent les données les plus récentes publiées par le projet IMBIE (basées sur les observations satellitaires de l'ESA et la NASA) présentées dans notre infographie, la fonte des deux grands glaciers continentaux s'est nettement accélérée à partir du début du XXIème siècle, et c'est le Groenland qui fond le plus vite.
De 1992 à 2002, l'île arctique a perdu l'équivalent d'environ 500 gigatonnes (Gt) de glace, soit une perte moyenne de 50 Gt par an. Mais ce volume apparait bien dérisoire en comparaison avec les années suivantes : de 2002 à 2020, le Groenland a en effet vu disparaître environ 4300 Gt de glace supplémentaires, soit une perte moyenne plus de 200 Gt par an. D'après les estimations, la fonte de l'île sur la période 1992-2020 a déjà causé à elle seule une hausse des océans de plus d'un centimètre (environ +1,4 cm). Entièrement libre de glace, le Groenland pourrait faire monter le niveau des mers jusqu'à 7 mètres au total. Du côté de l'Antarctique, la perte cumulée est pour le moment moins élevée, soit environ 2700 Gt de 1992 à 2020 (correspondant à une hausse des océans de +0,7 cm). Mais une accélération de la fonte glaciaire au cours des deux dernières décennies, bien que moins rapide qu'au Groenland, y est également bien visible.



















